En juin 2019, Environnement et Changement Climatique Canada (ECCC) lançait un nouveau portail de données climatiques canadiennes.
Grâce à ce portail, les décideurs du secteur privé, des municipalités et des ministères provinciaux et fédéraux sont désormais mieux outillés pour prendre des décisions éclairées concernant les options de développement partout au Canada, en tenant compte des projections futures de changement climatique.
Dans cet article, mon objectif consiste à illustrer les divers types de données climatiques disponibles pour des milliers de municipalités en prenant l'exemple de la ville que j'habite : Rimouski. Un second exemple pour la ville de Toronto (en anglais) est également disponible sur mon blog. J'encourage les décideurs à explorer les informations que DonneesClimatiques.ca peut fournir pour les communautés dans lesquelles ils vivent. En cliquant sur le menu "Emplacement" de ce site internet, vous pourrez afficher à l'écran des données climatiques semblables à celles montrées ici pour presque toutes les villes et villages du Canada, peu importe que vous habitiez Montréal, Québec, Saguenay ou Caraquet.
Pour la ville de Rimouski (48.45 ºN, 68.53 ºW), je présente des graphiques qui montrent des simulations climatiques pour la période historique de 1950 à 2005 et pour la période de 2006 à 2100 en réponse à trois scénarios d'émissions de gaz à effet de serre (GES), appelés profils de concentration représentatifs (RCP = representative concentration pathways) dans la littérature scientifique.
Tous les résultats affichés plus bas pour RCP2.6, RCP4.5 et RCP8.5 proviennent d'un ensemble de 24 modèles climatiques.
À quel point fera-t-il chaud à Rimouski pendant la plus chaude journée de l'année? Les journées où le mercure dépassera les 35ºC vont devenir de plus en plus fréquentes pendant la seconde moitié du 21ème siècle si les émissions mondiales de GES demeurent très élevées (RCP 8.5).
Ouais mais est-ce qu'il y aura beaucoup de journées de canicule avec des températures maximales supérieures à 30°C ? Selon le scénario du pire (RCP 8.5), on aurait autour de 40 journées plus chaudes que 30°C vers la fin du siècle. Mais en agissant dès maintenant pour réduire nos émissions de GES, ce nombre de journées pourrait demeurer inférieur à 10.
L'augmentation du nombre de journées très chaudes nécessitera une utilisation plus fréquente de la climatisation dans les entreprises, les maisons et les appartements. Les factures d'électricité pour les mois d'été deviendront donc plus dispendieuses par rapport à celles de la période historique.
Pour les personnes n'ayant pas accès à la climatisation, l'inconfort et les risques pour la santé associés aux vagues de chaleur estivales sont liés aux nuits tropicales au cours desquelles la température ne descend jamais sous un certain seuil (par exemple 20 °C). Afin d'éviter les nuits sans sommeil, de plus en plus de personnes auront besoin de la climatisation au cours des prochaines décennies.
La chaleur accrue pourrait par ailleurs être bénéfique pour l'agriculture en nous permettant de planter de nouvelles cultures et espèces d'arbres dans la région de Rimouski. Mais pour cela, il faudra que des précipitations suffisantes et bien réparties au cours de la saison de croissance soient au rendez-vous.
De façon générale les conditions hivernales à Rimouski devraient s'adoucir. Ceci nuira aux activités extérieures de sports d'hiver, mais fera sans doute plusieurs heureux parmi les personnes qui n'aiment pas l'hiver ou le trouvent trop long.
Tandis que le jour le plus froid se situait historiquement près de -30°C, selon le scénario RCP 8.5 (RCP 4.5) la journée la plus froide de l'année serait autour de -15°C (-20°C) d'ici la fin du siècle.
De plus, le nombre de jours avec température minimale sous la barre des -15°C, qui était historiquement d'environ 50 jours par an, tomberait à une dizaine de jours pour RCP 4.5 et chuterait à zéro pour RCP 8.5.
Par conséquent, le nombre total de jours de gel (pendant lesquels la température tombe sous 0 °C) diminuera également.
Les factures d'électricité en hiver devraient donc coûter moins cher en raison de la diminution du nombre de degrés-jours de chauffage. Toutefois, la baisse des coûts de chauffage en hiver sera au moins en partie compensée par les coûts croissants de la climatisation en été.
Sous l'effet du réchauffement climatique, le cycle de l'eau mondial (évaporation et précipitation) devrait s'intensifier, entraînant une augmentation des précipitations totales à Rimouski.
Malheureusement, une partie de ces précipitations supplémentaires nous sera livrée sous la forme d'événements de précipitations extrêmes de plus en plus intenses.
Les modèles climatiques sont des représentations mathématiques du système climatique physique réel. Ces modèles comportent des incertitudes intrinsèques. Mais il s’avère que les incertitudes de ces modèles sont moins importantes que celles relatives aux futures émissions de gaz à effet de serre de l’humanité (RCP 2.6, RCP 4.5 ou RCP 8.5). Les particuliers, les entreprises, les municipalités et les provinces canadiennes peuvent tous aider à faire progresser les choses dans la bonne direction (RCP 2.6 ou encore mieux avec RCP 1.9), en réduisant considérablement leurs émissions de CO2 le plus rapidement possible.
Note: Ce texte de blogue fut d'abord publié sur Blogger (2019-10-13) avant d'être déplacé ici avec quelques modifications mineures.
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Entretien de 30 minutes avec Hugo Latulippe au sujet de la crise climatique, disponible sur YouTube. J'y discute des principales conclusions du Rapport Spécial du GIEC sur "L'océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique".
Dans ce reportage de l'Émission Découverte (2022-02-06), j'explique que l'augmentation des gaz à effet cause une diminution du transport d'eaux froides et bien oxygénées à l'embouchure du chenal Laurentien, au sud des Grands Bancs de Terre-Neuve.
Entrevue avec le journaliste Maxime Poiré de La Semaine Verte (2021-04-10). J'y parle du réchauffement climatique, de la fonte des calottes glaciaires, de la hausse du niveau de la mer et de l'acidification des océans.
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Le 2 avril 2019, le gouvernement fédéral du Canada a publié la version 2019 de son rapport sur le climat changeant du Canada. Je suis l'un des co-auteurs du chapitre 7 de ce rapport qui traite des changements touchant les océans qui bordent le Canada. Nous y parlons notamment des changements observés dans le passé et projetés dans le futur pour la température, la salinité, les courants marins, le niveau de la mer, l'acidité et l'oxygène dissous.
Les prévisions météorologiques de température, précipitations et vents se limitent habituellement à un horizon temporel futur de 0 à 15 jours. Au-delà de 15 jours, des prévisions saisonnières peuvent également être produites, mais elles seront alors formulées en termes plus généraux, sans cibler de dates précises pour les événements météorologiques individuels.
Les projections climatiques ne cherchent quant à elles aucunement à prédire quelle sera la météorologie d'une date précise dans le futur (exemple: 22 février 2078). Ce que nous cherchons à faire en projection climatique, c'est quantifier de quelles façons les moyennes, la variabilité et les extrêmes de température, précipitation et vents vont changer dans le futur en calculant des statistiques sur un intervalle typique de 30 années.
Au cours de l'été 1983, alors que j'étais étudiant en physique à l'Université du Québec à Chicoutimi (Saguenay), j'ai fait une expérience instructive sur l'effet de serre. Sous la supervision de mon professeur de Mécanique des fluides, Ludovic Perelman, nous avons construit deux boîtes en bois identiques en tous points, mais à une importante différence près.
La première boîte était dotée d'un couvercle en polyéthylène qui laissait pénétrer la lumière du soleil et laissait sortir librement le rayonnement infrarouge (chaleur) issu de l'intérieur de la boîte.
La seconde boîte, quant à elle, était dotée d'un couvercle en verre, un matériau qui laisse pénétrer la lumière du soleil mais qui NE laisse PAS sortir librement le rayonnement infrarouge (chaleur). Le couvercle de verre absorbe le rayonnement infrarouge, puis le réémet dans toutes les directions (voir dessin ci-haut). Ainsi, la moitié de la chaleur absorbée par le couvercle de verre est retournée vers l'intérieur de la boîte.
Résultat obtenu: la température mesurée à l'intérieur de la boîte avec un couvercle de verre était beaucoup plus élevée que celle mesurée à l'intérieur de la boîte avec un couvercle de polythène. Plus de détails se trouvent dans mon rapport d'expérience (1983-08-29 Effet de serre: effet de confinement ou effet radiatif ), disponible à la section Téléchargements ici-bas.
Dans le cadre des activités d'apprentissages offertes aux ainées par l'ADAUQAR, j'offre une série de six cours d'introduction à la météorologie et au climat pendant la session d'automne 2022.
Fichiers en format PDF d'un sous-ensemble représentatif de mes présentations sur le climat. La liste complète de mes publications scientifiques peut être consultée sur ma page internet professionnelle.
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